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Etudes Bibliques

Apocalypse 13

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Andry RANIVOARIZAKA

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SOLA SCRIPTURA – Apocalypse 13 : une invitation à l'écoute de la Parole de Dieu.

Par Andry RANIVOARIZAKA
(sauf indication contraire, les textes de la Bible sont tirés de la Bible Louis Second ©,
Nouvelle Édition de Genève 1979)


Introduction (quelques instructions)


Avant de commencer notre analyse, il est impératif d'avoir à l'esprit quelques règles de
lecture.
Lorsque nous lisons les récits bibliques, il nous faut garder à l'esprit le fait que chaque
message a été rédigé en fonction du temps, du lieu et des circonstances de l'auteur. Aussi,
lorsque Dieu s'adresse à ses rédacteurs, et rédactrices, il le fera toujours en fonction de la
culture, du style d'écriture, et de la mentalité de ces derniers1.
Cela rappelle la manière dont Paul a travaillé. En effet, il dira qu'avec les juifs il a été comme
juif, ou encore qu'il a été faible avec les faibles (1 Cor 9 : 19-23). Tout cela dans le but de
leur transmettre le message de l'évangile. En somme, il a rencontré ces hommes et ces
femmes, "sur leur terrain".


Ainsi, en est-il du livre d'Apocalypse. Ce livre a été rédigé à la fin du Ier siècle, pour une
communauté de croyants en Christ. Il nous faut donc tenir compte de ces paramètres, afin de
ne pas imposer une mentalité moderne du XXIème siècle, sur le texte. Bien souvent ces
paramètres on été mis de côté, et par conséquent, de nombreuses interprétations spéculatives
ont été formulées à l'égard de ce livre.
Une autre règle de lecture concerne le langage de apocalyptique. Il est évident que le livre de
l'Apocalypse n'a pas été rédigé en prose2. Le tout premier verset sera explicite lorsqu'il dira
que Jésus-Christ fait "connaître" à son serviteur Jean, ce qui doit arriver bientôt (Ap 1 : 1). Le
verbe "faire connaitre" provient du grec semaino. Il se traduit plutôt par "signifier", "faire
connaitre par des signes". Ainsi, Jésus fait connaitre à Jean, ce qui doit arriver bientôt, par
l'intermédiaire de signes, ou de symboles. Tout lecteur doit donc faire attention, à ne pas
imposer une lecture littéraliste sur le, ou les passages étudiés.
Une autre règle de lecture concerne l'utilisation du langage des récits passés, pour exprimer le
futur.
Par exemple, le langage du Déluge sera grandement tiré du langage du récit de la Création :
"soyez féconds, multipliez, et remplissez la terre" (Gn 1: 28 ; 9 : 1), "les eaux" (Gn 1 : 6 ; 7 :
24), "sec" (Gn 1 : 9 ; 8 : 13), "les animaux", "bétail", "reptiles", "oiseaux" (Gn 1 : 21, 24 ; 6 :
7), "souffle de vie", "narines" (Gn 2 : 7 ; 7 : 22), etc.
De la même manière, très souvent, le livre d'Apocalypse tirera son langage des récits
bibliques qui l'ont précédé. Par exemple, durant la première trompette, de grandes allusions à
la septième plaie d'Égypte sont faites (Ex 9 : 23-26 ; Ap 8 : 7). La structure du récit des plaies
d'Égypte sera parallèle à la structure du récit des sept trompettes3. Il est donc impossible de
comprendre correctement le message du livre d'Apocalypse, si l'on ne prend pas en compte
son arrière-fond vétérotestamentaire (relatif à l'Ancien Testament).

Notre étude se focalisera principalement sur le chapitre 13 du livre d'Apocalypse. Et
regarderons principalement à "la marque de la bête", et le nombre de son nom "six cent
soixante-six". Il nous faudra néanmoins regarder à l'ensemble du texte, ainsi qu'aux autres
passages auxquels il se rattache.

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1 - Analyse globale


Nous nous situons en plein cœur du livre d'Apocalypse. Les chapitre 11 : 19 à 15 : 4, forment
l'unité centrale du livre d'Apocalypse : "Le grand conflit".
Voici la structure globale du livre4 :
A Prologue (1 : 1-8)
B Message au sept églises (1 : 9 ; 3)
C Les sept sceaux (4 - 8:1)
D Les sept trompettes (8:2 - 11:18)
E Le grand conflit (11:19 - 15:4)
D' Les sept plaies (15:5 - 18)
C' Achèvement du grand conflit (19 - 21:1)
B' La Nouvelle Jérusalem (21:2 - 22:5)
A' Épilogue (22:6-21)
Ainsi, notre passage se situe dans l'unité qui expose – par des symboles – les menaces qui
pèseront sur l'église, à la fin des temps. Nous partons du temps de l'église primitive (Ier siècle
de notre ère), jusqu'au temps de l'église, lorsque Jésus-Christ reviendra.
Il est important de comprendre ce que signifie le mot "église". Ce mot vient du grec ekklesia
et il signifie "assemblée", ou "congrégation". Ainsi, le mot "église" dans la Bible, ne désigne
pas de dénominations chrétiennes particulières (catholiques, protestantes, etc). Il désigne
simplement l'ensemble des personnes qui ont décidé sincèrement d'accueillir le message de
l'évangile, accompli en Jésus-Christ. Ce sont ceux et celles qui ont décidé de rester
fermement ancrés dans ce message. En d'autres termes, il s'agit du peuple de Dieu.

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2 - Une contrefaçon de la trinité

Dans cette unité, nous voyons trois ennemis du peuple de Dieu : le dragon, la bête de la mer,
et le bête de la terre.
Clairement, Jean décrira le dragon comme étant un symbole de "Satan" (Ap 12 : 9), c'est-à-
dire l'Adversaire. Cependant, il ne peut identifier aussi explicitement la bête de la mer, la bête
de la terre. La raison est simple : au Ier siècle ces puissances n'existaient pas.
Bien entendu, Satan n'apparaîtra jamais comme tel au cours de l'histoire, pour s'en prendre à
l'église. Ses activités seront toujours entreprises par l'intermédiaire de systèmes terrestres, et
humains.

 

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Le dragon :


De manière intéressante, le dragon donne (didomi) sa "puissance" (dunamis), "son trône"
(thronos) et "une grande autorité" (exousia) à la bête de la mer.
Cela fait penser aux prérogatives de Dieu, qui "donne" (didomi) "l'autorité" (exousia) à Jésus-
Christ (Mt 28 : 18). Jésus reçoit du Père un trône (thronos) (Ap 3 : 21). Enfin, la puissance
(dunamis) est donnée à Jésus, car il reviendra avec puissance (dunamis) (Mt 24 : 30)5.
Le dragon possède un "trône". Il possède également des "couronnes" (diadema). Le terme
diadema désigne une couronne de roi, et non pas une couronne de vainqueur (stephanos).
Le premier personnage décrit comme siégeant sur un "trône" (thronos) sera Dieu, le Père (Ap
4 : 2). Ainsi, Satan imite Dieu. Il se fait tout simplement l'égale du Père (Es 14 : 12-14). Nous
faisons donc face à une puissance politico-religieuse. Pour Jean, au Ier siècle, cela fait
référence à Satan, dissimulé dans le système de l'Empire Romain (avec ses cultes, et ses
menaces radicales dirigées vers ceux et celles qui n'y adhéraient pas). La dragon est donc une
contrefaçon de Dieu, le Père.


La bête de la mer :


La bête de la mer, quant à elle, reçoit le "trône", la "puissance" et cette "grande autorité" de la
part du dragon. Comme nous l'avons vu plus haut, Jésus recevra cela du Père. Une des têtes
de cette bête avait été "comme blessée à mort" (Ap 13 : 3). Le verbe "blessée" (sphazo) a été
utilisé précédemment en Ap 5 : 6, lorsqu'on nous décrit Jésus-Christ comme étant l'Agneau
"qui était là comme immolé (sphazo)". Par la suite, la "blessure mortelle" de la bête sera guéri
(Ap 13:3). Ceci est synonyme d'une résurrection, tout comme Christ est ressuscité.
Cette bête blasphème (Ap 13 : 1, 5-6). Dans la tradition biblique, le blasphème n'est pas
simplement dire du mal de Dieu, comme nous le pensons aujourd'hui dans nos sociétés
modernes. Blasphémer implique le fait de dire que l'on est comme Dieu (Jn 10 : 30-33). C'est
dire que l'on est Dieu sur terre. Seul Jésus pouvait dire cela, selon la Bible. Blasphémer, c'est
aussi dire pouvoir pardonner les péchés (Mc 2 : 7). Tout cela sont les prérogatives de Dieu. Et
Jésus est le médiateur entre Dieu et l'homme, pour le pardon des péchés. Par là, la bête de la
mer est une contrefaçon de Jésus-Christ.

 

Lorsque nous regardons à l'histoire, il ne peut alors s'agir que d'un seul système : le système
de l'église médiévale, dirigé par la papauté. Ce système politico-religieux venait bien de
Rome. Il ne fait qu'un avec Rome, tout comme Jésus est un avec le Père (Jn 10 : 30).
Aussi cette bête de la mer avait persécuté les saints pendant "quarante-deux mois (Ap 13 : 5 ;
11 : 2). Ce temps équivaut à "1260 jours" (Ap 11 : 3 ; 12 : 6), ou encore à "un temps, des
temps et la moitié d'un temps" (Ap 12 : 14, Dn 7 : 25).
Dans la culture biblique – et notamment dans le discours prophétique, et poétique –, les jours
étaient souvent assimilés aux années (Gn 5 : 5 ; 6 : 3 ; Ps 90 : 9 ; Nb 14 : 34 ; Ez 4 : 6 ; etc)6.
Ainsi, ces quarante-deux mois (ou 1260 jours) équivalent à 1260 années.
Chronologiquement, seule le système de l'église médiévale a pu perdurer aussi longtemps. En
effet, ce système politico-religieux a été pleinement effectif à partir du VIème siècle, et s'est
bien étendu jusqu'au temps de la révolution Française (XVIIIème siècle), soit plus de mille
an.


La bête de la terre :


La bête de la terre, elle, fait "descendre du feu du ciel" (Ap 13 : 13). Elle sera appelée plus
loin dans le livre d'Apocalypse, le "faux-prophète" (Ap 16 : 13). Clairement, le lecteur est
averti. "Qu'il ne se laisse pas séduire par les signes et les prodiges du faux prophètes et de son
image : on peut reconnaître leur véritable identité à leurs paroles."7
Cela peut faire allusion à l'événement de la Pentecôte (Ac 2), où l'esprit (pneuma) de Dieu
descendit sur terre. Cette allusion se voit renforcée avec le verset suivant :
"Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête" (Ap 13 :15)
Littéralement, se verset peut se traduire de la manière suivante :
"Et il lui fut accordé de donner un souffle (pneuma) à l'image de la bête".
Il semblerait que cette bête redonne le souffle de vie à la bête de la mer, qui était morte. Le
terme pneuma est employé pour désigner l'esprit de Dieu (Ap 5:6). Ainsi, c'est cette bête de la
terre, qui redonnera vie à la bête de la mer.
Cette bête parle "comme un dragon" (Ap 13 : 11). Bien sûr, cela montre qu'elle ne fait qu'
"un" avec le dragon, et la bête de la mer (qui a toute les caractéristiques du dragon). Ainsi, la
bête de la terre est une contrefaçon du Saint Esprit.
Elle parle selon un esprit de contradiction. Elle enseigne donc le mensonge. Pourtant, cette
bête à les cornes "d'un agneau" (Ap 13 : 11). Le mot agneau (arnion) sera employé 29 fois,
dans l'Apocalypse. À l'exception de cette occurrence, le mot arnion sera toujours rattaché à
Jésus. Ainsi, cette bête de la terre à l'apparence d'un agneau, mais en réalité elle parle comme
un dragon.

Curieux phénomène !

Historiquement, la terre qui a accueilli les chrétiens persécutés durant le règne du système de
l'église médiéval, a été celle des Etats-Unis d'Amérique. Chronologiquement, l'église (la
femme) a été persécutée pendant "un temps, des temps, et la moitié d'un temps" (Ap 12 : 14),
mais "la terre" la sauva (Ap 12 : 16). Les Etats-Unis ont bel et bien été "une terre de
protection des chrétiens évangéliques et protestants étrangers à l'église catholique"8.
Il faudra donc s'attendre à ce que cette bête de la terre, aide la bête de la mer à retrouver ses
pouvoirs, avant le retour du Christ. En d'autres termes, la coalition de cette "fausse trinité"
devra, se réunir pour imposer un système politico-religieux universel. Le lecteur de
l'Apocalypse est donc prévenu d'avance.
Il est important de noter que le côté religieux de Babylone ne désigne pas uniquement l'aspect
médiévale, et papal du système. Bon nombre d'autres dénominations se joignent à elle. Au
travers de ce système, nous avons une église globale, apostate.
En effet, dans une autre section du livre d'Apocalypse ("les sept plaies"), la prostituée
(Babylone) sera appelée "la mère des prostituées" (Ap 17 : 5). Dans le langage prophétique,
une femme peut symboliser Israël, et Dieu sera alors son Époux (ex. Jr 31 : 21).

Mais, lorsqu'Israël sombre dans l'idolâtrie, elle est appelée "prostituée" (ex. Ez 16 : 15). Ainsi, si la
femme d'Apocalypse 17 est appelée "mère des prostituées" – et qu'elle symbolise elle-même
une église apostate –, alors ses filles ne peuvent que symboliser d'autres mouvements
apostats.

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3 - La marque de la bête


La marque de la bête a fait (et fait toujours !), l'objet d'interprétations. Cependant, il ne faut
pas oublier que ce message a été adressé aux assemblées judéo-chrétiennes du Ier siècle.
Aussi, ne connaissaient-elles pas toutes les modernités de notre temps. Les règles de lectures
que nous avons vu durant notre introduction, doivent alors être appliquées. Il serait donc
inutile de spéculer sur la nature de cette marque en fonction des objets de notre temps
(boissons énergisantes, implants, etc.).
Ce sera plutôt aux lecteurs du XXIème siècle, de faire l'effort de comprendre la mentalité du
croyant en Christ, qui vivait au Ier siècle.
Voici notre passage :


"Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçoivent une marque sur leur main
droite ou sur leur front, et que personne ne puisse acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou
le nombre de son nom." (Ap 13 : 16-17)
À la lecture d'une telle phrase, un croyant en Christ du Ier siècle pensera à la source sur
laquelle sa foi est fondée : les écrits. Mais cette phrase met l'emphase sur une chose bien
précise : la Torah (les cinq premiers livre de la Bible, appelés aussi pentateuque). Le texte par
excellence, selon la tradition juive, sera le "Écoute Israël !" (shema yisrael) en Dt 6.
Alors que Moïse rapporte les paroles de l'Éternel, concernant les commandements d'amour
(Dt 6 : 5-7), il dira à chaque membre du peuple :


"Ecoute, Israël! L’Eternel, notre Dieu, est le seul Eternel.
Tu aimeras l’Eternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements,
que je te donne aujourd’hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu
seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux." (Dt 6 : 8)
Ces commandements devaient être liés comme un signe sur les mains, et le front des
membres du peuple. De l'autre côté, la marque de la bête devra être placée sur "la main
droite" et sur "le front" de ceux et celles qui le souhaite.
Ce qui se rattache au front, dans la culture de l'époque, fait référence à la pensée. Ce qui se
rattache aux mains, est synonyme d'action. L'imagerie ici, est donc symbolique.
Cette coalition (dragon, bête de la mer et bête de la terre) – que sera appelée plus tard
"Babylone", ou "Babylone la grande" (Ap 14 : 8 ; Ap 16 : 5 ; Ap 17 : 5 ; 18 : 2, 10, 21) –
semble également imiter Dieu dans son action de donner les commandements.
L'allusion de Jean au shema yisrael semble claire. Avant le retour du Christ, une question
d'amour se posera :


Le peuple qui se réclame du nom de Dieu, l'aimera-t-il vraiment ?
Comment cette amour est-il démontré ? Jésus-Christ disait :
"Si vous m'aimez, gardez mes commandements" (Jn 14 : 15)
La "marque" de la bête est donc une contrefaçon du shema yisrael. Elle poussera le monde
rejeter Dieu, et ses commandements d'amour. De manière significative, ces commandements
("tu aimeras ton Dieu...") résument les quatre premiers commandements du décalogue

(Ex 20 : 1-17).


Alors que les six derniers se focalisent sur l'amour qui doit régner au sein de l'humanité, les
quatre premiers commandements font référence à l'amour de l'homme pour Dieu. C'est cet
amour qui semble particulièrement être ciblé ici. Bien sûr, cela ne rejette pas les six autres.
Nous voyons clairement que la violence contre le prochain, sera promue (Ap 13 : 15). Mais
cette violence est le fruit du rejet de l'amour de l'homme pour Dieu. L'absence de cet amour,
sera la racine de tous les maux qui précèderont le retour de Jésus. Semble-t-il, ne pas aimer
Dieu "de tout son cœur", mène automatiquement à la violence contre le prochain.

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4 - Le nombre du nom de la bête


a. La Sagesse


Nous arrivons à la conclusion du message du chapitre 13 :


"C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre
d’homme, et son nombre est six cent soixante-six." (Ap 13 : 18)
Bien souvent, les lecteurs de ce passage se précipitent directement sur l'analyse du chiffre six
cent soixante-six. Cependant, le message commence par "c'est ici la sagesse". Un lecteur du
Ier siècle se rappellera alors de la définition de la sagesse selon les écrits :7
"la crainte du Seigneur, c'est la sagesse [...]" (Job 28 : 28a ; Pr 1 : 7)
Ainsi, le lecteur peut comprendre que ce message l'invite fortement à craindre l'Éternel, et à
lui faire confiance. Le verbe craindre n'est pas à comprendre au sens d'avoir peur. Il fait
référence au fait d'avoir un grand respect pour Dieu. Ce respect est salvateur. Le lecteur est
invité à suivre l'Éternel, et non pas Babylone. Craindre Dieu est aussi synonyme de garder ses
commandements. Très souvent, l'action de craindre l'Éternel sera rattachée au fait de garder
ses commandements (Dt 5 : 29 ; 8 : 6 ; 10 : 12-13 ; Ps 103 : 17-18 ; etc).
Ainsi, cette phrase met l'emphase sur l'essence du message d'Apocalypse 13 : Adorez Dieu, et
non pas Babylone (la fausse trinité).
Le thème de l'adoration est donc central dans notre unité, vis-à-vis de la fin des temps.
L'adoration sera l'ultime test pour la fin9. Ce n'est pas un hasard si a sept reprises, la fausse
trinité appelle le monde à l'adorer (Ap 13 : 4, 8, 12, 15, 14 : 9, 11).
De l'autre côté, le message du premier ange (Ap 14 : 7) appelle le monde entier à adorer le
Créateur.
C'est en tenant compte de cela, que le lecteur peut alors comprendre le chiffre "six cent
soixante six".
Pour ce faire, nous analyserons ce chiffre en fonction de la thématique de notre unité.
b. Thématique :
A la lecture de notre unité ("Le grand conflit"), nous voyons clairement que les mots utilisés
dans le récit de la création sont employés :
"ciel" (Gn 1 : 1, 2 : 1, 4 (x 2), 19, 20 ; Ap 12 : 1, 3, 7, 8, 10, 13 : 6 ; 14 : 17, etc.) "étoiles"
(Gn 1 : 16, Ap 12 : 1, 4 etc.) "femme" (Gn 2 : 27, Ap 12 : 1, 4, 6, etc), "donner" (Gn 1 : 17,
29, Ap 13 : 2, etc) "Dieu" (Gn 1 : 1-11, 20, 24 ; Ap 14 : 7, etc) "terre" (Gn 1 : 1, 10-11, 24 ;
Ap 12 : 13, 16 ; 13 : 11, etc), "mer" (Gn 1 : 1, 22, Ap 12 : 18 ; 13 : 1, etc) "fleuve" (Gn 2 : 10,
Ap 12 : 15, etc) "postérité" (Gn 3 : 15, Ap 12 : 17) "bêtes/animaux" (Gn 1 : 20-21, 24-25, Ap
13 : 1, 11) "souffle/esprit" (Gn 1 : 2 ; Ap 13 : 15) "six" (Gn 1 : 31 ; Ap 13 : 18), "image" (Gn
1 : 26 ; Ap 13 : 15, etc), etc.
Clairement, le thème de la création est impliqué dans le grand conflit. Ainsi, pouvons-nous
comprendre que le chiffre six cent soixante-six est bien un nombre d'homme. Le mot
employé provient du grec anthropos, et il désigne l'homme au sens générique du terme
(hommes et femme). Il ne s'agit pas du mot homme (aner), qui lui, fait référence à un homme
(mâle). Le système de la bête est bien un système humain, composé d'hommes et de femmes.
Bon nombre d'interprètes ont utilisé ce que l'on appelle la gématrie. Au travers de cette
science, à une lettre de l'alphabet correspond un chiffre. Par exemple, dans notre alphabet, la
lettre A correspondrait au chiffre 1. B serait 2, C serait 3, et ainsi de suite. Ainsi, l'emploi de
la gématrie, selon certains interprètes, doit être employé en fonction de l'alphabet latin. Ainsi,
I équivaut à 1, X correspond à 10, L correspond à 50 , etc. Certains emploieront l'alphabet
hébreu. D'autres, utiliseront l'alphabet grec.
9 Jon Paulien, Revisiting the Sabbath in the Book of Revaltion, JATS, 9/1-2 (1998), 1828
Bon nombre de noms ont été trouvés au travers de cette science : Vicarius Filii Dei
(inscription sur la tiare du pape, bien que nous savons aujourd'hui que cela n'apparaît pas sur
sa tiare), Qesar Nero (empereur Néron). Certains y ont même vu des personnes comme
Mohammed, Luther, Hitler, ou encore Napoléon.
Concernant le nom Vicarius Filii Dei notamment, l'argument ne peut être valable pour deux
raisons, selon Richard Lehmann10 :


1. "Il est difficile de croire que Jean écrive en grec en ayant à l'esprit un nom latin qui
n'apparaît que des siècles plus tard."


2. "Le raisonnement est biaisé, puisqu' il part d'un présupposé qui a nécessité 1 500 ans pour
être découvert."
Ranko Stefanovic précisera avec raison que l'utilisation de la gématrie sur le chiffre 666,
semble être illimitée11. De plus, nulle part Jean n'emploie la gématrie en tant que méthode
d'identification. D'autres chiffres sont donnés dans le livre d'Apocalypse (ex. 144 000, 4, 24,
etc). Ces chiffres sont symboliques, et ne doivent pas être calculés mathématiquement.
Cependant, si nous nous focalisons sur le thématique de la Création, nous voyons clairement
que ce chiffre est "un chiffre d'homme". En effet, l'homme a bel et bien été créé au sixième
jour de la création (Gn 1 : 26-27).
De manière intéressante, la création ne se pas termine pas au sixième jour, mais au septième
jour. Nous faisons donc face à une création incomplète. Ainsi, "le nombre six symbolise
l'orgueil de l'homme qui se passe de Dieu."12. Pourtant, c'est le septième jour de la création
que Dieu a "béni" et "sanctifié" (Gn 2 : 1-4). Aussi, ce jour a-t-il donné à l'homme (Mc 2 :
27) pour qu'il se souvienne que Dieu est son Créateur, et qu'il sera toujours créature. C'est
donc au travers du Shabbat (le septième jour) que l'homme rencontre Dieu, et se souvient de
cela. Le Shabbat est un garde-fou hebdomadaire pour l'homme (Ex 20 : 1-17 ; Dt 5 : 6-21),
contre la mégalomanie suivante : croire qu'il puisse devenir Dieu sur terre.
Le Shabbat permet également à l'homme de se souvenir que l'adoration est due à Dieu, et à
Dieu seul. En effet, le message du premier ange dira :


"[...] adorez celui qui a fait le ciel, la terre, la mer, et les sources d'eaux." (Ap 14 : 7)
Hors, c'est dans le quatrième commandement (Ex 20 : 11), que l'on retrouve cet aspect de la
création. Ainsi, les commandements – et particulièrement le Shabbat –, permettent de se
souvenir que celui qui souhaite suivre Dieu, doit l'adorer lui et lui-seul.
Aujourd'hui, au sein de l'église (au sens générique du terme), les enseignements que
procurent les commandements d'amour, et particulièrement le Shabbat ont disparu. Une
emphase est mis sur les six derniers commandements : aimer son prochain. Cependant, les
quatre premier commandements semblent être écartés. Pourtant, ces quatre commandements
sont fondamentaux, si l'on souhaite pleinement aimer le prochain.
À cause de cette oublie – bien que l'Éternel dit encore "Souviens-toi du jour du repos, pour le
sanctifier" (Ex : 20 : 7) – , alors rien n'empêchera l'homme de croire qu'il puisse devenir
10 Lehmann, Apocalypse de Jean..., 72
11 Stefanovic, Revelation of Jesus-Christ..., p 417
12 Jacques Doukhan, Le Cri du Ciel ..., 162.9
Dieu, à la place de Dieu. Il finira alors par imposer son système au monde, et en deviendra
violent, voir meurtrier (Ap 13 : 15).
Enfin, si le chiffre est répété trois fois, cela nous ramène directement aux louanges offertes
par les êtres célestes à Dieu :


"Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu [...]" (Ap 4 : 9 ; Es 6 : 3)
Le système de Babylone (dragon, bête de la mer, bête de la terre) cherchera donc a usurper le
statut du Seigneur trois fois saint (Père, Fils et Saint-Esprit). Babylon cherche donc à obtenir
l'adoration qui est due à Dieu, et à Dieu seul.


Enfin, le chiffre 666 c'est aussi le chiffre de la Babylone Antique de l'Ancien Testament. En
Daniel 3, le roi de Babylone (Nébucadnetsar) fit "une statue d'or, haute de soixante coudées
et large de six coudées" (Dn 3 : 1), afin que tous les "peuples", "nations", et "hommes de
toutes langues" l'adorent (Dn 3 : 4). "Le nombre soixante représente en effet, dans la
symbolique babylonienne des nombres, l'idée d'unité."13 Clairement, cette alliance politico-
religieuse cherchera à unir le monde entier. Cette union sera néfaste, puisqu'elle consistera à
rejeter le Créateur. Ainsi, même si l'église utilise le nom de Dieu, et a une apparence de piété,
nous parlons d'une église mondiale qui "n'a rien à voir avec Dieu. Tout est politique."14

 

5 - Message centrale d'Apocalypse 13


Dans la Bible, les textes forment très souvent ce que l'on appelle un chiasme (ou structure
chiastique). Il s'agit d'une structure constituée de parallélismes inversés (voir la structure du
livre d'Apocalypse vue plus haut). Cette construction littéraire a pour but d'indiquer l'essence
du message. Voici la structure globale du chapitre 13 :


A Bête de la mer (13 : 1-8)
         B Celui qui a des oreilles, qu'il entende (13 : 9)
               C captivité pour captivité (13 : 10a)
               C' épée pour épée (13 : 10b)
       B' persévérance et la foi des saints (13 : 10c)
A' Bête de la terre (13 : 11-18)


Le message est clair. Le croyant en Christ n'a pas a avoir peur. Malgré les menaces de la
fausse trinité (elle cherche a mener en captivité (C) et à tuer par l'épée (C'), rien n'arrivera à
ceux et celles qui auront décidé de tenir ferme, en Christ. En effet, ce système politico-
religieux final s'autodétruira (Ap 17 : 16-18).
Ainsi, ce que le croyant en Christ doit faire, c'est écouter la Parole de Dieu (B). Cette parole
est résumée dans le message du premier ange (Ap 14 : 6-7). Il appelle simplement le monde
entier – et donc pas uniquement les croyants – à revenir à Dieu, et a choisir de l'adorer plutôt
que l'homme. Le but est que tous soit sauvé de la ruine avant qu'elle n'arrive. Ce seront ces
peuples, nations, langues et tribus, qui constitueront le peuple du "reste" (Ap 12 : 17). Le
message du deuxième et du troisième anges ne font qu'exposer ce qui se passera pour ceux et
celles qui auront décidé de rejeter l'appelle du premier ange, pour adhérer au système de la
fausse trinité.

 

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CONCLUSION


Le message de l'unité qui se trouve au cœur du livre d'Apocalypse est un appel à (re)venir à
Dieu. Dans le "grand conflit", la fausse trinité (dragon, bête de la mer, bête de la terre),
cherche à usurper la place de Dieu, sur terre.
Nous avons vu que ce système souhaite imposer une marque. Cela s'oppose aux
commandements d'amour de Dieu. Ainsi, l'équilibre "amour pour Dieu/amour pour le
prochain" – résumé dans les Dix Commandements d'Amour – est détruit.
Le chiffre "six cent soixante-six" emphatise cette apostasie de l'homme. Par là, l'homme à la
fin, souhaitera définitivement mettre Dieu de côté, et prendre sa place. La Shabbat – qui est
un garde-fou pour l'homme – ne fera notamment plus l'objet de mémorial de la Création, afin
que l'homme se souvienne qu'il est créature, et qu'il a un Créateur.
À la place du septième jour, se pourrait-il qu'un autre jour soit imposé à l'avenir ? En effet, si
la fausse trinité (Babylone) souhaite imiter Dieu, elle devra également "bénir" et "sanctifier"
son propre jour de Shabbat.
Enfin, le cœur du message de l'Apocalypse – "le grand conflit" – cherche simplement a
avertir le lecteur de ce qui doit arriver bientôt (Ap 1 : 1). En réalité, ce dernier n'a rien à
craindre s'il persévère dans la foi en Jésus, et qu'il gardent les commandements de Dieu (Ap
12 : 17, Ap 13 : 10 ; Ap 14 : 12). Jésus-Christ a déjà gagné le combat d'avance, à la croix.
C'est le cœur du message d'Apocalypse 12 (12 : 10). Le cœur du message d'Apocalypse 13 dit
simplement : "écoute et persévère dans la foi". En d'autres termes, la vrai difficulté pour le
croyant en Christ sera de se dire la chose suivante :
Aurai-je assez confiance en mon Dieu ?
Mais le message est clair. Dieu restera fidèle à sa promesse, et il demande simplement au
croyant de l'écouter et de lui obéir (Ap 13 : 9). Si les instructions – guidées par l'amour – sont
suivies, alors il n'y a rien a craindre.
Le cœur du message d'Apocalypse 14 désigne le retour de Jésus-Christ pour délivrer son
peuple de ce trouble ultime causé par Babylone (Ap 14 : 14).
Ainsi, le message d'Apocalypse 13 est une bonne nouvelle pour le croyant en Christ. Malgré
le trouble causé par Babylone – s'il écoute –, il ne lui restera plus qu'a regarder ce qui se11
passe autour de lui, jusqu'à ce que Jésus revienne. En attendant, il doit persévérer dans la foi,
et inviter son prochain à suivre le Seigneur.

Publication : 23 01 2022

Auteur : Andry RANIVOARIZAKA

Publié avec l'aimable autorisation de l'auteur

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